Evoluer vers le rôle d’ « Aite »

écrit par Benjamin

10 juillet 2024

Pour clore la série d’articles au sujet de la relation entre pratiquants, nous vous
proposons de mettre en avant les pratiques qui vous permettront de développer les
liens entre partenaires.
Ce travail de chaque instant et de chacun doit être au centre de la pratique, au
même titre que l’étude des différentes fondations. Nous avons par ailleurs choisi
de mettre en avant quelques axes de travail : la sincérité de l’attaque, la présence
active, l’opposition consciente et le renforcement de ses capacités.

Dans un premier temps, Uke travaillera ses attaques, ses chutes ; il fera preuve de
sincérité et d’engagement. Pour cela il veillera à ne pas réaliser d’attaques suicides,
à augmenter la vitesse et la puissance des attaques en fonction du contexte tout
affinant ses gestes, et ses mouvements en attaquant à un moment inopportun. La
maîtrise des attaques, des saisies est primordiale dans l’amélioration de sa pratique.
Il développera le réalisme de ses actions. Saisir pour saisir, frapper pour frapper
sans envie de toucher est un non sens martial.

Dans un second temps, Uke se montrera vigilant et disponible pour développer une
présence active. Il recherchera la continuité de ses actions (récupération de son
équilibre, enchainements de saisies ou de frappes, utilisation de sa seconde main),
Uke ne maintiendra pas son action si une autre est plus pertinente ou la maintiendra
si elle le préserve d’un risque plus grand. Il développera sa capacité d’initiative, Uke
et Tori sont interchangeables à tout moment. Celui-ci peut, à la faveur d’une perte de
contrôle de Tori, renverser la situation. La prise de conscience de cela est un premier
pas vers le rôle d’Aite.

Dans un troisième temps, Uke offrira une opposition consciente, à laquelle il est en
capacité de répondre. Bloquer pour bloquer est à la portée de tous. L’opposition
offerte par Uke devra permettre à Tori de développer le sens de son travail et l’étude
de la technique. Uke ne devra pas rendre la tâche trop facile ou au contraire
impossible. L’un comme l’autre s’accorderont, si Uke est lent alors Tori ne peut pas
être rapide. Il lui importera de comprendre les directions des actions de Tori, sentir le
mouvement pour s’effacer, chuter ou accepter une immobilisation sans se blesser.
Tori veillera pour sa part à maintenir son action en cohérence avec les réactions de
Uke.

Enfin Uke renforcera ses capacités physiques comme mentales, par un nombre
d’assaillants plus important et une diversification des attaques ou saisies. En
amenant de l’incertitude, de l’effort physique et mentale, il s’ouvrira un éventail de
possibilité sans fin. Dans ces situations, Uke comme Tori feront leur possible pour
maintenir son ou ses partenaires sous pression, « dans le rouge » physiquement
mais aussi mentalement.

En conclusion, je pense qu’Aite a tout d’abord un regard avancé. Plus expérimenté,
d’expertise il développe une meilleure compréhension des rôles d’Uke et de Tori. Aite
n'est pas seulement un Uke qui accompagne son partenaire dans la technique et l’on
ne peut pas être un « bon » Tori si l’on n’est pas un « bon » Uke. Il est primordial de
développer le rôle d’Uke dans ses premières années de pratique.
Ensuite, la relation d'Uke et de Tori revêt un aspect d’opposition tandis que
celle qui lie les Aite est empreinte de coéducation. A tour de rôle, l’un construit et
éduque l’autre par la sincérité, l’engagement de son travail, sa présence comme sa
capacité à préserver l’intégrité physique de son partenaire.
Enfin, la part d’ego qui sommeille en nous étant évacuée on peut se mettre au
service de son partenaire et ainsi devenir Aite. On pratique, on grandit ensemble à
travers le travail de l’autre, et bien que l’aspect extérieur puisse sembler martial, la
relation entre les combattants est pacifiée.

Aite – Shite

Dans le précédent article, nous avons abordé les termes « uke » et « tori » ainsi que larelation entre eux. Ceux-ci...