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La relation UKE/TORI - Aïkido Ychoux

La relation UKE/TORI

écrit par L'équipe

2 janvier 2024

En Aïkido, les pratiquants sont la plupart du temps au nombre de deux et souvent désignés Tori et Uke, afin de permettre la mise en place d’un contexte pédagogique et martial clair.

Les termes Tori et Uke sont souvent utilisés pour désigner le rôle de chacun.

En Aïkido, la relation entre ses pratiquants est un élément important.

Les termes Aïte et Shite sont aussi employés. Ils viennent révéler un aspect particulier de la pratique et s’ajoute au lexique du pratiquant.

Au regard de notre pratique actuelle et de l’état de notre compréhension et connaissances de l’Aïkido, nous allons définir ces différents rôles ainsi que la relation réciproque qui en découle dans la pratique, dans une analyse un peu plus poussée.

Cette réflexion fait suite à un échange lors de l’école des cadres de la Ligue Nouvelle-Aquitaine du 7 octobre 2023 entre les enseignants et futurs enseignants présents. Nous souhaitons aller plus loin dans l’analyse et la réflexion tout en le partageant avec vous.

  1. Approche analytique et étymologique des Kanji

Avant toute chose, il faut savoir que les kanji proviennent de la langue chinoise. Les japonais, par la suite, en plus d’avoir créé les kana (hiragana et katakana), ont pris les kanji déjà existant pour la langue japonaise et ont rajouté les furigana au-dessus des kanji pour l’adapter à la langue japonaise. Ces furigana permettent de prononcer correctement le kanji en question, ils seront précisés à droite du kanji entre parenthèses.

UKE 受け(う)け

Définition :

Popularité, service, réception, la défense, la réputation, accord, récepteur de technique

Il provient du verbe Ukeru (受ける) qui signifie recevoir, obtenir, être frappé par (le vent, les vagues, le soleil…), souffrir, subir, ressentir, accepter, supporter et bien d’autres…

Intéressons-nous maintenant au kanji qui lui est composé de trois éléments dans cette genèse, dont une « clé » qui nous permettra de mieux comprendre la signification du kanji.

= 爪(griffe, clou, talon) + 冖(couronne) + 又(d’autre part, main droite)

Ces trois éléments donnent un sens qui est précisé par la clé en vert. Les explications qui sont données sont celles-ci :

  • « une main à plat 爪 donnant un objet 冖 à la main qui la reçoit 又 (éventuellement à plat) »

Memento et Dictionnaire des Kanji, Jean Claude Martin

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Ci-contre l’évolution du style d’écriture en os d’oracle jusqu’à notre ère en passant par le style tensho (sigillaire et en rouge). Il semblerait que la signification donnée par l’idéogramme ait changée au fil du temps passant de « donner et recevoir » sans savoir qui donne (dans une idée de transaction)… à finalement « recevoir » (type d’exemple donné : On reçoit un diplôme quand a passé un examen)

  • « on n’y verra un nid d’où sort une main droite : assurément celle d’un oiseau, demandant à recevoir sa ration de nourriture. »

Les kanjis dans la tête, Yves Maniette

Uke, c’est celui qui sollicite son partenaire, c’est lui qui permet l’action quelle qu’elle soit (à mains nues ou avec une arme). Il crée une situation d’échange permettant à son partenaire de réagir. Dans ce sens, Uke n’est pas juste un partenaire qui subit la réaction de Tori.

TORI 取り(と)り ou 取

Définition :

Prise, preneur, partenaire actif, préfixe empathique ou formel (derrière un verbe), prendre, aller, chercher

L’idéogramme de Tori utilisé vient du terme Toru (取る) qui signifie saisir, accepter, obtenir, exiger, prendre, choisir…Ainsi ToruTe est devenu ToriTe puis Tori.

Pendant la période médiéval au Japon, il était courant qu’un guerrier prenne l’oreille de son adversaire ou de ses adversaires car celui-ci était récompensé en fonction du nombre.

Intéressons-nous maintenant au kanji qui lui est composé de deux éléments dans cette genèse, dont une « clé » qui nous permettra de mieux comprendre la signification du kanji.

= 耳(oreille) + 又(d’autre part, main droite)

Ces deux éléments donnent un sens qui est précisé par la clé en vert. Les explications qui sont données sont celles-ci :

  • « L’oreille et la main qui saisit. En Asie, pour prouver qu’on avait effectivement abattu son ennemi, il fallait saisir, prendre son oreille et la rapporter. »

Memento et Dictionnaire des Kanji, Jean Claude Martin

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Ci-dessus, l’évolution du style d’écriture en os d’oracle jusqu’à notre ère en passant par le style Tensho.

  • « Oreille…main droite. Où l’on conte l’histoire du petit garçon qui s’est fait prendre la main dans la bonbonnière. »

Les kanjis dans la tête, Yves Maniette

NB : L’oreille pourrait ressembler à l’œil, mais l’ordre des tracés est différent.

Tori, c’est celui qui vient prendre la place du partenaire ou de l’adversaire tout en réalisant sa technique. Il vient ainsi obtenir ce qu’il entreprend. Il fait l’action, il l’exécute dans un but bien précis.

2) La relation Uke et Tori

Après avoir défini les termes Uke – Tori avec une approche analytique et étymologique, nous allons explorer la relation les liant. La connexion entre Uke et Tori est indispensable pour qu’une technique puisse être réalisée de façon martiale. Trois points nous semblent pertinents à retenir: le regard, le contact physique et l’intention.

Tout d’abord le regard (Metsuke), l’interaction des regards de Uke et Tori induit une réaction réciproque. Chacun peut corriger sa position (Kamae, Taï sabaki…), ou engager une action vis à vis de son partenaire.

Dans ce contexte, Uke peut s’engager dans l’action. Il est alors possible pour Tori de mettre son partenaire en déséquilibre et de contrôler son attaque.

Ensuite le contact physique, la connexion devient permanente entre Tori et Uke, elle est maintenue tout au long de la technique. Conserver cette connexion pendant le déplacement et la réalisation de la technique permet aux pratiquants de ressentir les déséquilibres, mesurer l’efficacité de la réalisation, et de pouvoir s’adapter.

Enfin l’intention, le pratiquant doit prendre conscience que si l’attaque de Uke n’est pas réaliste, cela pénalise Tori dans la réalisation de la technique. Alors on s’éloigne d’une réalité martiale (exemple: attaque shomen = coupe à la main, attaque tsuki = coup de poing…) ne permettant pas au pratiquant de progresser.

La relation Uke – Tori est importante et chaque point d’entrée ne peut être dissocié des autres. L’alternance des rôles permet aux pratiquants de progresser dans leurs apprentissages et leur recherche personnelle en Aikido.

A venir… Aïte – Shite, une autre facette de Uke – Tori.